dimanche 18 décembre 2011

COUP DE GUEULE: ADIEU PHILOCÉGEP!

Cher Zénon,
J’ai décidé de claquer une fois pour toutes la porte de Philocégep (le réseau social des profs des cégeps) où une bonne douzaine de collègues du réseau seulement sur près de 300 inscrits interviennent sur divers sujets d’intérêts principalement pédagogiques pour l’enseignement de la philosophie au collégial.
Je quitte Philocégep car je conspue le règne de la pensée unanime, le prêt-à-penser, les propos rose-bonbon petit-patapon où tout le monde-danse-en-rond car tout-le-monde-est-beau-et-gentil. Propos irrespirables.
Plusieurs se féliciteront de mon départ, lançant un soupir de soulagement, car j’étais le mouton noir, leur bête noire, l’ennemi à abattre. En fait, Philocégep est un vieux cheval paresseux et, comme le taon, qui essaie de le réveiller, je forçais mes collègues à se remettre en question. Or, c’est là une affaire hautement périlleuse. Socrate l’a fatalement comprise. Aussi, avant qu’on m’accuse moi aussi d’impiété, non envers la religion, mais envers l’anti-religion de Philocégep, dont le dieu principal est le naturalisme, je tire ma révérence. D’ailleurs, certains commençaient à faire preuve à mon endroit d’intimidation et menaces. Merci Marjorie Raymond : tu m’as ouvert les yeux. Ton suicide n’aura pas été vain.
Zénon, je te quitte en te laissant méditer ces quelques lignes du regretté Pierre Falardeau :
«À force de t’faire traiter comme un chien, tu finis par mordre comme un chien… J’écris pour m’en sortir. Avec rage. Comme un chien. En mordant les bâtards qui me donnent des coups de pied avec mépris. Pour couper la parole à ceux qui, individuellement ou collectivement, nous traitent de vauriens. Eux qui croient valoir quelque chose parce qu’ils ont l’argent, un habit trois-pièces, la certitude de tout savoir, le petit pouvoir des maîtres et des contremaîtres. J’écris pour ne pas me laisser abattre. Pour ne pas déprimer. Pour me sentir moins impuissant, moins seul. Au cas où nous serions quelques autres. Parce qu’il y a les gros et les petits et que ramper n’est pas le lot des petits.» (La liberté n’est pas une marque de yogourt, TYPO, 2009, p. 13.)

4 commentaires:

  1. Normand Baillargeon18 décembre 2011 à 20:05

    Une décision que je déplore et regrette. Peut-être peux-tu te donner le temps d'y repenser, Jean?

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  2. Pour l'instant, c'est ainsi. On verra par la suite.

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  3. C’est déplorable d’apprendre que certaines personnes n’appréhendent l’entièreté d’un penseur comme vous. Laissez-moi vous dire, sont peu les québécois qui écrivent des livres philosophiques et qui sont parallèlement des personnages intéressants, non en tant qu’auteurs mais en tant qu’individus. Je ne vous connais nullement, mais par entremise de ce blog et de vos écrits innovateurs, je reconnais votre passion et votre dévouement. Ceux qui, comme vous dites, se réjouiront de votre départ du site Philocégep, sont ceux qui estompent la philosophie québécoise de crier plus fort, de sortir de l’ombre des philosophes français qui semblent encore maintenir le monopole de la philosophie française.

    Vous avez dit : « D’ailleurs, certains commençaient à faire preuve à mon endroit d’intimidation et menaces. » Que de la mauvaise foi, estropier le travail d’un collègue québécois. Je n’aperçois cela que comme étant de la pure jalousie et, voir même, d’un manque de solidarité mal sain à votre égard.

    J’ai lu votre livre, deux fois même. Il est concis et très abordable, très pratico-pratique et globalement très aidant. Tout le monde qui trouve que lire de la philosophie c’est par fois une tâche ardue, se réjouiront de survoler les bases fondamentales de la philo. Vous rendez la philo accessible à monsieur-madame-tout-le-monde et pour cela, je vous remercie !

    À +

    Ney Giraldo
    http://www.reflecritiques.com/

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  4. M. Laberge, vous n'êtes pas seul. Et le réseau des profs de Cégep, comme les autres espaces de débat (où le débat est pour l'heure interdit), verra ses murs idéologiques tomber un par un. Ou le plafond lui tomber sur la tête, c'est selon.

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