vendredi 27 mars 2015

« GRÈVE » ÉTUDIANTE. UN EXERCICE DE PENSÉE CRITIQUE EN COMPAGNIE DE SAINT THOMAS D'AQUIN


Bon nombre d’observateurs ont noté que la « grève » étudiante de ce printemps qui tarde est sans commune mesure, tant au plan des effectifs mobilisés que des revendications poursuivies. Au printemps 2012, le mouvement étudiant atteignit près de 300 000 en grève générale illimitée, alors qu’actuellement le nombre atteint à peine 45 000. Mais ce sont surtout les revendications qui changent du tout au tout : de la lutte contre la hausse des frais scolarités, il s’agit maintenant de la lutte contre l’« austérité » et - pourquoi pas ? - contre les hydrocarbures ainsi que les serviettes sanitaires… Une pancarte résumait le tout : « Fuck toute ! ». Nul doute que les centrales syndicales refusent d’entrer dans ce cirque estudiantin où le slogan de Che Guevara reprend du service : « Soyons réalistes ! Exigeons l’impossible ! » Le député de Mercier, Amir Khadir, de son côté, appelle de ses vœux un nouveau printemps-étudiant-contestataire.

            Sensible à la justice sociale, percevant les compressions budgétaires du gouvernement Couillard comme des « coupes » éhontées pratiquées dans les chairs des plus démunis, l’étudiant-moyen ne semble pouvoir faire autrement que donner son aval au mouvement de contestataire étudiant, sans trop savoir pourquoi au juste. C’est ici que la pensée critique peut l’aider à se faire une tête. Nous prendrons pour modèle, le penseur par excellence de l’Église catholique, saint Thomas d’Aquin (1224-1275).

Je vous entends déjà plusieurs d’entre vous contester que ce saint puisse constituer un modèle de pensée critique. Comment, un dominicain, nourrit à l’Évangile et à la Bible, peut-il indiquer la voie de la neutralité, de l’examen objectif ? Il faut, en effet, se défaire de cette image d’Épinal que nous a peinte la modernité du penseur chrétien. Bertrand Russell, surtout, a dit de Thomas d’Aquin qu’il ne méritait pas le titre de philosophe (voir Histoire de la philosophie occidentale, chapitre 13). Or, Russell, en bon athée, n’a jamais lu une ligne ou à peine de l’Aquinate. En plus, Russell entretenait une profonde aversion contre Aristote, le penseur préféré de Thomas d’Aquin. Dans un essai datant de 1931, The Scientific Outlook, Russell écrit noir sur blanc : « Aristote, il faut le dire, constitua l’un des plus grands malheurs de l’humanité. » L’autorité de Lord Russell fit boule de neige, et Thomas d’Aquin tomba dans le discrédit.

Allons au-delà du mépris de Russell pour l’Aquinate. Que trouve-t-on ? D’abord, une méthode de pensée. Méthode qui avait cours dans les universités au Moyen Age et que Thomas d’Aquin appliqua de manière systématique dans ses écrits, dont la Somme théologique, qui reste le chef-d’œuvre du dominicain. Cette méthode, donc, au cœur de l’enseignement médiéval, a pour nom en latin la disputatio (le débat ou la controverse). Il ne s’agit jamais pour Thomas d’Aquin de rabâcher simplement les points de la doctrine catholique. Aujourd’hui, nous dirions que la démarche thomasienne vise avant tout l’exercice de la pensée critique. Aristote parlait, lui, de phronésis, de sagacité ou de prudence. Aux yeux du Philosophus (du « Philosophe », c’est ainsi que Thomas d’Aquin désignait Aristote), c’est la vertu intellectuelle par excellence.

Donc, quand on veut chercher la vérité sur une question, pense Thomas d’Aquin, il faut commencer par faire le tour des difficultés que soulève la question à l’étude et qu’on examine les opinions pour et les opinions contre. Thomas d’Aquin va donc ligoter, ligare, les esprits avec les meilleurs arguments qui lui tomberont sous la main, comme on ligote un corps avec une corde. Il s’agit ensuite de libérer la pensée de son entortillement. Pour juger, sur une question complexe, comme c’est souvent le cas en philosophie et en théologie, il faut procéder en cette matière comme devant les tribunaux, il faut entendre les deux parties : le pour et le contre. Il ne faut surtout pas dénigrer au départ l’opinion de son adversaire. Au contraire, il faut l’apprécier comme étant une démarche faite en direction de la vérité. Thomas d’Aquin écrit :

Dans l’adoption ou le rejet des opinions, l’homme ne doit pas être guidé par l’amour ou la haine de celui qui en propose une, mais plutôt par la certitude de la vérité ; c’est pourquoi Aristote dit qu’il faut aimer tout autant ceux dont nous suivons l’opinion, que ceux dont nous la rejetons. Car les uns et les autres se sont consacrés à la recherche de la vérité, et nous y ont aidés. (Commentaire à la Métaphysique, Livre XII, leçon 9, # 2566)

Et encore :

De même qu’au tribunal on ne peut juger sans entendre les arguments des deux parties, de même quiconque doit étudier la philosophie ne peut que mieux en juger s’il entend tous les arguments qui se sont opposés dans leur recherche. (Ibid., Livre III, leçon I, # 342)

En d’autres termes, le point de départ de la pensée critique, consiste pour ainsi dire à bien écouter afin de bien comprendre l’opinion contraire à la nôtre. Ce n’est que lorsqu’on a ainsi compris le point de l’autre qu’on est alors autorisé à le critiquer. Autrement, on ne connaît véritablement que son propre point de vue. Notre vérité n’est alors que partiale, subjective. Russell, par exemple, ne s’est jamais soucié de comprendre Thomas d’Aquin pour lui-même. Discipline de l’innommable Aristote, chrétien en sus, Thomas d’Aquin avait tout pour déplaire à Russell, imbus qu’il était de sa propre valeur de philosophe athée et de logicien de premier ordre ayant au mis au point une nouvelle logique surpassant celle du maître du Lycée.

Cela dit, revenons à la « grève » étudiante, et mettons en œuvres les sages préceptes de l’Aquinate. Alignons les argumentaires pour et contre la « grève ».

ARGUMENTAIRE PRO-GRÈVE ANTI-AUSTÉRITÉ

« Le monde est pourri. Le parti au pouvoir se graisse la patte, et coupe dans les chairs des pauvres et des plus démunis. C’est un monde sans-cœur, sans foi ni loi. On nous fait la guerre. Pour punir les petites gens. Ceux qui n’ont que leur pauvreté à offrir. L’austérité, c’est ça ! C’est la guerre qu’on nous fait. La violence est d’abord celle de l’État. Aussi, la légitime défense oblige à nous lever et à riposter contre ces brigands en cravate qui ont pour eux l’argent et la police. En nous levant, les gens se réveilleront; ils réaliseront enfin qu’ils sont exploités et manipulés. Il faut renverser le système capitaliste qui génère la cupidité et la déshumanisation. Ce système économique est couvert par une superstructure politique qui assure sa domination et sa perpétuation. C’est le « néolibéralisme ». Indignés de tous les pays, unissez-vous ! »

ARGUMENTAIRE CONTRE LA GRÈVE

« 5% des riches au Québec (revenu de 100 000 et plus) paie 50% de la somme totale des impôts. 41% des Québécois ne paient aucun impôt. Une bonne partie des coûts de l’éducation des jeunes, grévistes ou non, sont défrayés par ces 5% de riches. Parmi ces mêmes 5% de riches, certains d'entre eux n’ont pas fait d’études supérieures. Ce sont les vaches à lait du Québec. Sans eux, il n’y en aurait pas de services sociaux au Québec. On ne doit pas les taxer davantage; ce serait carrément injuste. Ils font plus que leur part. Par ailleurs, pour se payer ces services sociaux, dont l’éducation, l’État a dû s’endetter. Les 2⁄3 des budgets déficitaires du Québec depuis 40 ans ont nourri une dette élevée aujourd’hui à 274 000 milliards de dollars, dont les intérêts annuels se chiffrent à 11 milliards. Le gouvernement Couillard veut cette année un budget qui soit non-déficitaire. D’où ses politiques « de rigueur budgétaire » afin, entre autres, de ne pas grossir la dette. C’est ça l’« austérité ». Ce n’est pas du tout le gros bonhomme Sept-Heures du soi-disant « néolibéralisme ». Si l’on ne peut plus puiser dans les poches des riches, il faut donc créer de la richesse. »

Cela étant posé, il faut maintenant passer à l’étape de la determinatio, c’est-à-dire de la solution ou résolution de la controverse (disputatio). Comment, en somme, pouvoir trancher dans ce genre de controverse. Le scepticisme, lui, suspend son jugement. Il ne se prononce pas. Il demeure « agnostique ». Pas Thomas d’Aquin qui croit que l’homme possède une raison capable de se frayer un chemin vers la vérité, même si la question (questio) paraît complexe.

Est-il vrai, tout d’abord, que le monde est foncièrement vicié et corrompu ? Si ce monde désigne la vie économique et politique, alors oui, ce monde est corrompu et vicié. Il faut le transformer radicalement. Il y a de l’espoir. D’ailleurs, quand l’étudiant contestataire clame que le monde est pourri, il ne veut certainement pas dire que tout espoir de redressement est vain, sinon les pro-grévistes ne militeraient pas pour transformer l’état de choses actuel.

Il ne faut en aucune manière attribuer un pessimisme ni un défaitisme aux pro-grévistes. Ils rêvent éveillés. Un monde viable serait possible, et ce n’est surtout pas le système économique capitaliste qui serait sa source, clament-ils. La concurrence ainsi que la recherche effrénée du profit, conduit à l’enfer dans lequel nous vivons. Le partage et la solidarité valent cent fois mieux que l’avidité et la cupidité.

Les pro-grévistes reprennent en chœur le mot de Jean-Jean Rousseu, l’auteur du Contrat social : « L’homme est né libre et partout il est dans les fers. » L’homme est, par nature, bon et généreux, et c’est la société qui le corrompt. Aussi, en accord avec les penseurs modernes, les étudiants pro-grévistes assurent que c’est en transformant la société qu’ils transformeront l’homme. « Il faut étudier la société par les hommes et les hommes par la société…», écrit encore Jean-Jacques Rousseau. Tous les penseurs modernes, de Marx à Rawls, souscrivent à l’idée que la seule manière de transformer l’homme, c’est de transformer la société. Et il n’est aucunement assuré que l’instauration de la société communiste dont rêvait Marx éradique une bonne fois pour toutes les vices de cupidité et d’avarice.

Thomas d’Aquin, lui, n’est pas si optimiste que le sont les modernes. Oui, l’homme est bon et généreux par nature, mais ce n’est pas en changeant la société que l’on changera l’homme qui, par nature, du moins selon l’enseignement chrétien, est gâté par le péché, c’est-à-dire, essentiellement, fragile et faible au plan de la capacité à aimer. Aussi, la perfection n’est pas de ce monde, mais seulement pour le « Royaume des cieux » à venir. D’ailleurs, c’est précisément ce à quoi aboutit Marx lui-même : le communisme, but ultime de l’Histoire, ressemble à s’y méprendre au Royaume des cieux des chrétiens.

Il ne nous est évidemment pas possible de nous livrer à un examen intégral de l’argumentaire pro-grève, cela mériterait un volume épais de commentaires, un peu à l’image de la Somme théologique de d’Aquin. Mais il y a un point loin d’être anodin de l’argumentaire anti-gréviste que dénoncent à bras-raccourcis les pro-grévistes. C’est le fameux minuscule pourcentage des riches (5%) qui, au Québec, payent la note salée des impôts (50%). N’est-ce pas là la preuve manifeste des inégalités « pharaoniques » de notre société ?

Or, pour transformer notre société inégalitaire en une société égalitaire, il faut changer la nature de l’homme. Il faut, en réalité, sacrifier ce que John Rawls a appelé de manière péjorative la « loto naturelle ». « Nul ne mérite, écrit Rawls, sa place dans la répartition des atouts naturels, pas plus qu’il ne mérite sa place de départ dans la société. » Le riche ne mériterait donc pas son avoir et, en conséquence, toujours selon Rawls, « les suppléments de salaire gagnés grâce à ces talents naturels rares, par exemple, doivent couvrir les frais de formation et encourager les efforts d’apprentissages ainsi qu’orienter les capacités là où elles sont le plus utiles à l’intérêt commun. » Pour transformer la société, il faut donc transformer la nature de l’homme qui, par nature, possède un droit de propriété d’abord sur lui-même, lui permettant de disposer à sa guise de son corps et de ses talents ou dispositions naturels. L’argumentaire des pro-grévistes conduit donc à sacrifier ce droit de propriété fondamentale des personnes sur elles-mêmes. Ce que la philosophe Ayn Rand a appelé le « cannibalisme moral ».

Dans le monde moderne qui est le nôtre et qui n’est plus du tout celui de saint Thomas d’Aquin, l’auteur de la Somme théologique a tout de même quelque à nous apprendre au sujet de la « grève » étudiante. Contrairement aux modernes où il faille d’abord concevoir la société pour connaître l’homme, Thomas d’Aquin reprenant à son compte le vieil Aristote, la vertu est première chez l’homme et, la société, en tout premier lieu l’État, doit veiller à développer la vertu chez ses citoyens. Les modernes aiment la liberté, mais pour être libre, il faut d’abord être juste et courageux. Contrairement à Rawls, où la justice sociale n’exige pas la répartition selon les mérites moraux, les personnes possèdent bel et bien de tels mérites. Contrairement à ce que croient les pro-grévistes et Rawls, la pensée thomasienne invoque le droit naturel à la propriété parce que la nature veut pour ainsi dire que l’homme possède certaines choses en propre, dont son corps, ses talents, ses dispositions, etc., et que cela a évidemment des avantages de sorte qu’il faut préférer la propriété individuelle à la propriété collective. Puis, songeons-y bien. Dans la propriété collective, le travail devient aussi propriété de tous, c'est-à-dire de personne. Le travail devient dès lors une corvée, il ne constitue plus un stimulant, une activité d'excellence qui s'intègre à la personne. Quoi qu'on en dise, le travail est source d'épanouissement personnel. Voilà ce que saint Thomas dit en gros dans son traité De Veritate (question 27, article 7). Qui disait que le Docteur angélique était dépassé ?
 

dimanche 22 mars 2015

L'ÉPISTÉMOLOGIE ATTRAPE-NIGAUD DE ECR


Dans une société libérale comme la nôtre, tout le monde est en faveur de l’ouverture aux autres, de la différence, de la tolérance, du dialogue pour un vivre-ensemble harmonieux et paisible, et autres flonflons du même genre. Qui veut la fermeture, le refus de l’autre et de la différence ? Personne. Dans le meilleur des mondes, tous sont pour la vertu. En ce sens, disent les concepteurs du programme, nous devons tous souscrire au programme scolaire d’Éthique et de culture religieuse (ECR) implanté dans nos écoles depuis septembre 2008, mais qui n’a de cesse de susciter la controverse. La récente décision de la Cour suprême d’exempter une institution privée d’enseignement catholique (le collège Loyola) du cours ECR, a remis le débat sur la table. Antoine Robitaille parle d’une « reconfessionalisation », et Mathieu-Bock Côté réaffirme son mantra voulant qu’ECR soit le véhicule de l’infâme multiculturalisme.

À mon avis, ce n’est pas tant le pluralisme prôné, par son principal concepteur, Georges Leroux, voire le multiculturalisme qu’il induit et que condamne Mathieu-Bock Côté, qui pose problème dans ECR. C’est sa base épistémologique. Rappelons que ECR origine du Rapport Proulx sur la place de la religion à l’école. Ledit Rapport posait que l’école doit respecter les droits de la personne, notamment l’égalité fondamentale des citoyens et citoyennes devant la liberté de conscience et de religion. La conclusion du dit Rapport coule, semble-t-il, de source : l’État doit s’abstenir de prendre position en faveur ou en défaveur de l’une ou l’autre des religions ; il ne doit pas favoriser l’enseignement d’une quelconque confession religieuse. En d’autres termes, un cours d’enseignement religieux doit simplement transmettre des connaissances de nature culturelle sur les diverses grandes religions. Le Rapport Proulx nous représente l’enseignement religieux catholique comme un enseignement doctrinaire. L’élève y assimilait, semble-t-il, les croyances catholiques. Le professeur enseignait de son côté les « vérités de la foi » du catholicisme. Un libéral, même croyant comme Jean-Pierre Proulx, avait alors toutes les raisons de condamner ce type d’endoctrinement.

Donc, ECR est ainsi fignolé pour n’enseigner que des connaissances, pas des croyances. ECR présuppose donc qu’il existe une nette distinction entre les deux, connaissance, du part, et croyance, d’autre part. Depuis Platon, la connaissance est définie comne une croyance vraie justifiée. En matière de religion, la connaissance comme «vérités révélées », du moins en christianisme, posent de redoutables problèmes si l’on adopte la définition platonicienne de la connaissance, reprise par Descartes, qui, soit dit en passant, fut érigé en dogme absolu au siècle des Lumières. En effet, devant le succès fulgurant des sciences expérimentales, la connaissance comme croyance vraie justifiée se précisa davantage: aucune croyance autre que ce qui est matériel et naturel n’est admissible et légitime. Ce qui est « vrai », donc connaissable, ne peut être surnaturel ou immatériel. Les « vérités de la foi » se trouvèrent dès lors disqualifiées au titre de « connaissances ». Elles devinrent de simples croyances, telle celle de la croyance en une théière qui orbiterait autour de la terre (l’exemple est de Bertrand Russell). Les catholiques reçurent l’étiquette de « croyant », tout comme les adeptes de l’islam, du judaïsme, qui croient donc à des vérités surnaturelles et immatérielles. Pourtant, les catholiques ne se désignèrent jamais comme des « croyants », mais plutôt comme des témoins ou des fidèles de Jésus. Plus radical encore, un mathématicien et philosophe britannique du troisième quart du XIXe siècle, William Clifford, forgea l’expression « éthique de la croyance » (ethics of belief), en vue de mettre au pilori la religion chrétienne : « Il est mauvais toujours, partout pour quiconque, de croire quelque chose, sur la base d’une évidence insuffisante ». Lorsque les partisans du Canadien, par exemple, croyaient par les années passées que leur club allait gagner la coupe Stanley, non seulement ils se gouraient, selon Clifford, mais ils étaient moralement coupables d’entretenir ce type de croyance non-fondée. Voilà, en gros, l’épistémologie évidentialiste qui a cours aujourd’hui et qui se trouve être au cœur du programme ECR. ECR ne veut inculquer aucune croyance de nature immatérielle et surnaturelle aux jeunes parce qu’il est éthiquement mauvais ou préjudiciable de le faire, du moins selon l’épistémologie évidentialiste préconisée.

À mon sens, les catholiques québécois ont parfaitement raison de décrier ce sapin qu’ont leur a passé. ECR ne comprend rien à la religion chrétienne et, à fortiori, aux religions. Comment peut-on prétendre connaître quoi que ce soit lorsqu’au départ on pose un principe éthique de la croyance qui condamne la foi chrétienne à n’être qu’une simple croyance comparable à la théière de Russell ? ECR est un attrape-nigaud épistémologique. Une autre épistémologie est possible et parfaitement légitime pour la foi chrétienne, c’est l’épistémologie des vertus (voir Roger Pouivet, Épistémologie des croyances religieuses). Rappelons, pour clore, cette vérité chrétienne fondamentale : la foi est une vertu théologale. Pas une simple croyance délirante, n’en déplaise à Russell et consorts.