
Dans
ce film féministe, on célèbre donc non pas Dieu, non pas des sœurs dans le
Christ, mais des femmes humiliées, exploitées, esclaves; on célèbre leur force,
leur courage, leur détermination à lutter contre les injustices dont leurs pairs
en autorité en sont les bourreaux.
La musique, non plus la religion,
devient le lieu de transcendance, du salut. L’art qui n’était qu’un moyen pour
parvenir à Dieu, devient fin ultime. Or, les femmes maîtrisent
excellemment les arts, du moins selon les scénaristes Marie Vien et Léa Pool.
Elles seules, donc, peuvent bénéficier du salut.
Ceux et celles qui partagent les
valeurs du Québec moderne et progressiste, qui houspillent contre la présence
du crucifix à l’Assemblée nationale, apprécient cette lecture biaisée de notre
passé religieux. Platon nous prévient toutefois que la passion, même
artistique, est source d’égarement et jamais de vérité. Celui qui a dit : « Je suis le chemin, la vérité, la vie » (Jn 14 6), n'est pas qu'une Passion selon Bach. La mère Supérieure de la congrégation (Marie Tifo), qui n'a pas elle une once de charité chrétienne, rappelle avec raison à Sœur Augustine que ses vœux ne portaient sur la musique mais sur Jésus Christ. Dans ce capharnaüm indigne de la vie religieuse, les gens d'aujourd'hui applaudissent au courage de Sœur Augustine, de sorte qu'on se prend à se dire que la vie religieuse, avec tous ses accrocs à la liberté, fut la pire des calamités pour nos ancêtres. On se tourne à présent vers l'État québécois et démocratique qui prône désormais la liberté à tout crin par où, au nom de cette même liberté, on veut notre État purement laïque.