vendredi 13 avril 2012

CARTON ROUGE AUX ROUGES: DÉNI DE DÉMOCRATIE


Le mot tordu de Léo Bureau-Blouin, président de la FECQ,  évoquant une situation dangeureuse, voire une guerre civile, si le gouvernement reste muet aux revendications étudiantes, en a estomaqué plus d'un.  Retour sur des propos malheureux.

Les étudiants contestataires se drapent de l’habit de la démocratie, et hurlent d’indignation lorsque des institutions d’enseignement cherchent à obtenir des tribunaux des injonctions permettant aux étudiants de poursuivre leur session mise dangereusement en péril par le boycott. Ces étudiants rouges de colère, ainsi que leurs supporters que sont les syndicats des professeurs, considèrent que la juridisation du conflit noie le poisson puisque seule la «grève», selon eux, est habilitée à résoudre le conflit. Toutefois, la réalité légale les rattrape et les force à reconnaître que leur action n’est pas une «grève» au sens du Code du travail. Il s’agit bel et bien d’un boycott, du boycott de cours. Dans ces conditions, il est exclu que les autres étudiants non-contestataires soient être privés de leurs cours. Lors d’un boycott, par exemple d’un produit de consommation, il est exclu qu’on interdise à tous et à toutes la consommation dudit produit. Vouloir interdire l’accès des étudiants non-contestataires mérite donc un carton rouge pour déni de démocratie.

            Cela étant admis, si l’on veut bien encore parler «droit de grève», celui-ci a des limites. Dans la réalité, lorsque la négociation mène systématiquement à l’impasse, une loi spéciale met fin au droit de grève et force le retour au travail. Dans le cas du présent boycott étudiant, les étudiants ont pu exercer leur droit au boycott et forcer le gouvernement à négocier. Les étudiants ont refusé l’offre du gouvernement, mais n’ont rien proposé comme contre-proposition. Toute offre qui ne constitue pas le gel des droits de scolarité est rejetée du revers de la main par les associations étudiantes. Dans ces conditions, le gouvernement n’a pas d’autre choix que de forcer le retour en classe et de mettre fin à la grève. Il s’agit là d’une procédure parfaitement démocratique parce que le gouvernement gouverne avec la légitimé qui l’a mis au pouvoir. Que cela nous plaise ou non, la démocratie ne consiste pas seulement l’exercice de la liberté d’expression mais à  se soumettre aux volontés du gouvernement élu démocratiquement par la majorité des citoyens.

Aussi, dans le conflit actuel, en appeler à braver le gouvernement, étant donné son refus de geler les frais de scolarité, comme le font présentement mes confrères professeurs, est carrément irresponsable. Ce qui est visé va bien au-delà de la hausse des droits de scolarité, car c’est vouloir renverser le gouvernement autrement que la procédure démocratique convenue. L’appel des professeurs correspond en réalité à une forme de désobéissance civile visant, sinon à renverser, du moins à déstabiliser le gouvernement. Carton rouge donc pour le déni de démocratie des professeurs.

Il est facile alors tout en restant payé plein salaire de déchirer sa chemise sur la place publique pour soutenir le boycott étudiant. On reconnaît là la gauche caviar. Au fond, dans ce conflit, c’est la gauche minoritaire qui s’agite et radicalise le conflit en raison principalement de sa guerre déclarée à la droite libérale. Or, aux pays des aveugles, tous les bornes sont rois.