mercredi 2 mai 2012

PROFS CONTRE LA GRÈVE


http://www.facebook.com/groups/303536043007333/#!/groups/profscontrelagreve/
Nous sommes des enseignant-e-s, professeur-e-s et chargé-e-s de cours qui rejetons le parti-pris de certains de nos collègues en faveur des moyens de pression de certains de nos élèves et étudiant-e-s. Nous croyons qu'à titre d’enseignants, nous sommes soumis à un devoir de réserve qui nous interdit de prendre position sur les opinions de nos élèves et étudiant-e-s et sur les moyens qu'ils et qu'elles utilisent pour les défendre.

Dans cette optique, nous sommes d'avis que :

1) Nous, les enseignant-e-s, devons éviter de témoigner notre opinion propre sur le débat des frais de scolarité ou d'argumenter en faveur de celle-ci, que ce soit en classe ou à travers des messages envoyés à nos étudiant-e-s ;

2) Nous, les enseignant-e-s, devons éviter de porter des signes distinctifs qui marquent une prise de position sur l'enjeu des frais de scolarité ;

3) Nous, les enseignant-e-s, devons éviter de participer à des rassemblements ou des actions liés au débat sur les frais de scolarité ;

4) Nous, les enseignant-e-s, devons respecter le droit des élèves et des étudiant-e-s qui se présentent dans nos classes d'assister à leurs cours conformément à l'horaire prévu au début de la session ; dans le cas des élèves du secondaire, cela constitue même une obligation légale ;

Puisque certains de nos collègues de travail ne respectent pas ces principes fondamentaux depuis quelques semaines, nous avons le devoir de critiquer leurs actions, surtout lorsqu'ils se donnent le droit de parler au nom de l'ensemble des enseignant-e-s, y compris nous, qui sommes en faveur de la hausse des droits de scolarité.

Dans cette esprit, nous entendons donc faire valoir publiquement notre propre opinion en faveur de la nécessaire hausse des droits de scolarité et en faveur de la reprise des cours tant et aussi longtemps que certains de nos collègues violeront sans gêne le devoir de réserve lié à leurs fonctions. Nos élèves et nos étudiant-e-s ont le droit de savoir que leurs enseignants, ceux et celles qui doivent leur transmettre le savoir et l'esprit critique, ne sont pas unanimes sur un enjeu de notre société contemporaine.

Nous appelons donc nos collègues à former nos rangs et à militer dans Profs contre la grève.

Jean Laberge
Enseignant en philosophie au collégial

lundi 30 avril 2012

DES ÉTUDIANTS SOCIALEMENT RESPONSABLES QUI SAVENT COMPTER!


Au moment où le gouvernement Charest présentait, en compagnie de la ministre Beauchamp, son offre aux étudiants ainsi qu’à la population, dont l’étalement de la hausse de 1 625 $ sur sept ans au lieu de cinq, le journaliste financier de Radio-Canada, Gérald Fillion, y allait dans son blogue (http://blogues.radio-canada.ca/geraldfillion/2012/04/27/hausse-de-82-sur-7-ans-le-calcul/) d’un calcul qui montrait qu’avec cette nouvelle offre la hausse se chiffrait désormais à 1 778 $, ce qui représentait au final une augmentation de 82 % des droits de scolarité. Comme une traînée de poudre, les anti-hausse se saisirent des chiffres du chroniqueur pour dénoncer la «hausse dans la hausse».

Or, le calcul de Gérald Fillion, qui est aussi celui de plusieurs, dont les anti-hausse, est erroné. Le problème principal provient de ce que les montants ne sont pas actualisés. En effet, il est bien connu que l'argent perd de la valeur au fil du temps. Plus tu reportes un paiement dans le temps, moins celui-ci représente une charge importante. Si j’ai le choix entre payer maintenant 1 000 $, le payer par tranche de 100 $/an sur 10 ans ou le payer dans 10 ans, je souhaiterai payer dans 10 ans car la valeur aura diminué et le paiement a une valeur moindre à mes yeux actuellement! Les moments où les montants sont payés importent. La valeur de l'argent n'est donc pas fixe dans le temps. Il faut donc l’ACTUALISER.

L'actualisation est un concept financier visant à prendre des montants d'argent dans le futur tout en les ramenant en date d'aujourd'hui afin de pouvoir procéder à des comparatifs équivalents. Comme aucune notion d'intérêt ne s'applique pour les frais de scolarité, le calcul est simplifié. On ne parlera alors que de l'inflation. Celle-ci est facile à prévoir; elle se situe aux alentours de 2 %/an (point central de la cible de la Banque du Canada).

À l'aide de formules, ou d'une simple calculatrice financière, on prend le montant total qu'un étudiant entrant à l'université en 2017, soit : 2 168 $ de frais déjà existants + 1 625 $ de hausse complète. On dira donc que la somme nominale de ces deux montants est de 3 793 $.

Or, il faut convenir que 3 793 $ en 2017 ce n'est pas la même somme que 3 793 $ en 2012. Pour faire une analogie, un individu qui gagnait 1 000 000 $ en 1980 était beaucoup plus riche qu'un qui gagne 1 000 000 $ aujourd'hui. C'est pourquoi il faut transformer cette valeur nominale en valeur réelle d'aujourd'hui à coût de 2 % / an.

Soit les équations :

(1 625+2 168) x (1 + 0.02)^-5 = 3 435 $ en argent d'aujourd'hui selon le scénario sur 5 ans.

(1 778+2 168) x (1 + 0.02)^-7 = 3 435 $ en argent d'aujourd'hui selon le scénario sur 7 ans.

On compare un étudiant en 2018 qui paiera son 2 168+1 778 en le transformant à la valeur de 2012. Donc, ici, on compare, d'égal à égal deux valeurs qui étaient fondamentalement différentes au départ. On se rend compte que la valeur actuelle est exactement la même.

Or, ce que fait M. Filllion c'est qu'il compare des montants nominaux bruts sans le moindre ajustement. Il n’actualise pas. C'est incomparable et contraire aux règles de la finance de base. Le calcul de M. Fillion est donc erroné et la hausse est exactement la même dans les deux scénarios.

D’abord, le chroniqueur compare un montant dans 5 ans et celui dans 7 ans. Par ailleurs, il n’actualise pas les flux de trésorerie. Enfin, il présume que dans le scénario de 5 ans les frais ne seraient pas indexés la 6e et 7e année ou, du moins, il omet ce détail important dans l'analyse (c'est ce qui lui permet de parler d'une hausse de 82 % au lieu de 75 %). Conclusion: La hausse est exactement la même au bout de 7 ans. Cependant, chaque année, sauf l'année 7, les frais à débourser seront MOINDRES. Avec un taux d'actualisation de 2 %, la valeur actualisée nette de ces économies est de 1 125,46 $.

Enfin, prenons note que le calcul de Gérald Fillion ne prend pas en considération le revenu familial de l'individu et l'impact de l'augmentation des bourses ET du crédit d'impôt fédéral et provincial. Le tableau suivant illustre le tout, hormis l’impact des bourses et du crédit d’impôt, éloquemment.

Note: Ce texte a été rédigé en collaboration avec plusieurs membres du Mouvement des étudiants socialement responsables du Québec, dont Jasmyn Beauséjour. Qu'ils soient toutes et tous remerciés.