Jack, tu n’es pas mort ! Ce qui me console, c’est ce que saint Augustin m’enseigne que le mal n’a pas de réalité en soi, qu’il n’est qu’absence de bien (privatio boni). Dans notre monde fait de bruit et de fureurs, de cris et de larmes, mon espérance est que l’homme bon que tu fus, Jack, soit à jamais. Car la mort n’a pas de prise sur le bon et le bien. Aussi, ne disons pas : «il n’est plus» ; «la mort l’a emporté», «le cancer a eu raison de lui», etc. Cela, en effet, nous ne pouvons le penser.
Avec celle d’Augustin, la voix de Parménide retentit et fortifie en moi l'espérance. Ne disons pas «le non-être est», car «pensée et être sont un», dit Parménide. Certes, le cancer fut. Lui aussi avait de l’être. Il nous prive seulement du bien que tu es. Tu n’es pas mort, Jack ! Je ne puis penser : «Le cancer est le mal incarné», car, encore une fois, le mal n’existe pas pour lui-même indépendamment du bien. Seul le Bien étant.
De même, on ne peut penser «un tel a fait le mal pour le mal». Car celui qui agit mal, le fait toujours en vue d’un bien. Breivik a tué, non en vue du mal pour le mal, mais pour le bien qu’il croyait erronément être sa cause. La peur l’a égaré, trompé. Il prit un bien pour le mal. On ne fait que le bien, jamais le mal. Parfois, on s’illusionne sur ce qui est bien. Le vice Breivik, la peur, est le défaut d’une vertu, la confiance.
Le néant n’est pas ; donc, la mort n’est pas. Voilà mon espérance. N’allons pas croire que «la chose» qu’est le néant soit. On ne peut le penser. Le néant, comme la mort, n’ont pas de réalité.
Certes, nous te pleurons, et notre cœur s’attriste. Un bien en effet nous a été ravi. Le deuil est humain. Mais, toi, avant que nous soyons privés de ta présence, tu as témoigné de l’Espoir. Ton témoignage ne passera pas. La mort, en effet, n’a aucune prise sur l’Espoir. Car l’Espoir est vertu. Le vice est de sombrer dans le désespoir. Croire à ce qui ne peut être.
Socrate disait «Aucun mal ne peut arriver à l’homme de bien». Aucun mal, n’est arrivé à Jack. Cherchons-le quelque part en Galilée, car il nous y précède.
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