vendredi 3 mai 2013

QUI EST L'AUTEUR DE CE MÉGOT DIFFAMATOIRE?

Un internaute a publié dans Ratemyteachers.com ce commentaire désobligeant à mon endroit comme enseignant.

«Homophobe en classe, passe son temps à basher ce qu'il aime pas, plagie d'autres livres dans son document de cours, et ça s'appelle un prof ? À éviter au plus sacrant.»

J'ai la ferme conviction qu'il ne s'agit pas de l'un de mes étudiants. Je note par exemple que je «plagierais» dans mes documents pédagogiques. Or, justement, actuellement, mon confrère Jordan Raymond-Robidoux, mène une cabale m'accusant de plagier un ouvrage de Pierre Blackburn dans Apprendre à philosopher. Qu'on me comprenne bien: je n'affirme pas que mon confrère soit l'auteur du commentaire ci-dessus. Il pourrait toutefois s'agir cependant de l'un des sectaires de mon collègue.   L'anonymat aisé que l'on retrouve sur la Toile permet à tous et à toutes de dire n'importe quoi sur n'importe quoi.

Je somme donc l'auteur du commentaire précédent à faire prendre de courage et non de lâcheté et à faire amende honorable en de retirant ses propos sur Ratemyteachers. Je publierai ensuite dans mon blogue une lettre d'excuse de l'auteur.

Soit-dit en passant, je ne publierai plus les commentaires dans ce blogue de ceux et celles qui n'ont pas le courage de s'identifier.

vendredi 26 avril 2013

LE COPROPHILE


 

La pire insulte que l’on puisse m'adresser comme auteur d’Apprendre à philosopher, c’est que je plagierais l’ouvrage de Pierre Blackburn, Logique de l’argumentation (ERPI, 1989, 1994). C’est du moins ce que suggère le coprophile, Jordan Raymond-Robidoux (JRR), jeune professeur de philosophie au cégep de Drummondville.

Lorsqu’il y a bientôt 20 ans, j’ai commencé à enseigner au cégep, j’avoue que l’ouvrage de Pierre Blackburn m’a particulièrement séduit, même si j’avais de sérieuses réserves à son sujet et que j'en ai toujours. Après avoir utilisé certains éléments de Logique de l’argumentation, j’ai vite déchanté. J’ai par la suite tenté de comprendre ce que je trouvais d’imbuvable dans ce manuel. Ça m’a pris des années à cracher ce que je ne parvenais pas à avaler de ce manuel. Lorsque j’eus découvert ce qui m’indisposait dans le manuel de Blackburn, je ne suis pas parti en guerre contre son auteur ni n’aies-je cherché à m’engager dans une chasse aux sorcières comme le fait mon inimitable collègue, JRR. Le manuel mal foutu de Blackburn m’a plutôt incité à rédiger moi-même un manuel : Apprendre à philosopher. Je déteste accuser les autres de mes propres malheurs.

Je compris qu’il y avait peu de philosophie dans le manuel de Blackburn. C’est d’ailleurs ce qui explique que lors de sa seconde édition, l’auteur a inséré – voire gommé – de nombreux texte de philosophes de la tradition. Malheureusement, ce bricolage décousu n’a pas permis de faire de l’ouvrage un manuel proprement d’enseignement de la philosophie; ça demeure au mieux un manuel de pensée critique ou de logique informelle de second ordre.

En fait, il y a de la philosophie dans le manuel de Blackburn, mais elle n’est pas thématisée ni explicitée. Voilà ce que l'auteur aurait dû faire pour sa seconde édition. Cette philosophie  sous-terraine est celle du «faillibilisme» qui prend sa source chez Charles Sanders Peirce et les pragmaticiens américains. Les pragmaticiens ont une curieuse conception de la vérité. Russell a vertement critiqué la conception de la vérité chez William James. En fait, les pragmaticiens sont des partisans de la conception «anti-réaliste» de la vérité; Russell, pour sa part, défendait la conception réaliste. Malheureusement, Blackburn ne nous explique en aucune manière ses distinctions philosophiques de première importance.

Comme je l’explique dans un appendice de mon manuel, j’adopte pour ma part une conception réaliste de la vérité et de la philosophie provenant d’Aristote. S’il y a bien un auteur que je «plagie» dans mon manuel c’est bien le Stagirite. Je n’ai aucune gêne à le dire! D’ailleurs, je le dis noir sur blanc dans l’appendice en question.

Alors, monsieur le coprophile, avant de m’accuser de plagier Blackburn, relisez bien mon manuel. Vous verrez qu’il n’est que l’ombre du géant que fut Aristote.

Enfin, je tiens à dire que les critiques de JRR concernant mon manuel tombent à plat, parce que mon manuel n’est pas qu’une pâle copie du manuel de Blackburn qui s’avère être la référence absolue aux yeux de JRR. Dans ces conditions, les soi-disantes «erreurs» que relèvent JRR ne sont qu’une lecture erronée qu’il fait de mon manuel : on ne doit pas le lire avec le manuel de Blackburn pour référence.

samedi 20 avril 2013

APPRENDRE À PHILOSOPHER PRIMÉ !

Hier, je recevais une lettre m'avisant que mon livre Apprendre à Philosopher . Guide méthodologique (ERPI 2011) recevait une distinction au Concours du Ministre de l'Éducation 2013. La réception de la distinction aura lieu le 24 mai prochain au Parlement de Québec. Merci à mon département ainsi qu'à l'éditeur ERPI.

mardi 16 avril 2013

SEMAINE DE LA CITOYENNETÉ = SEMAINE DU CARRÉ ROUGE

Une grande messe «carré rouge» a lieu cette semaine au cégep du Vieux Montréal sous le couvert de la «Semaine de la citoyenneté». L'événement est financé en bonne partie par le collège (donc, par des deniers publics). Tous les grands prêtres carré rouge y seront, dont GND en conférence d’ouverture hier, lundi matin, le 15. Pourquoi les organisateurs n'ont-ils pas demandé à Arielle Grenier, qui a lancé le mouvement des carrés verts ?  L’aéropage comprend également Guy Rocher, Michel Seymour et Christian Nadeau. On accepte la dissidence puisqu’on m’a invité à un débat contradictoire sur le devoir de réserve des professeurs; je devais débattre avec nul autre que Julien Villeneuve de Maisonneuve alias Anarchopanda, mais l'aimable collègue s'est désisté. En guise de protestation contre cet événement partisan, j'ai décidé de le boycotter.

Il faut dénoncer cette liturgie du carré rouge. J'en appelle au boycott de l'événement.

lundi 1 avril 2013

YOU GOTTA TO MOVE DE FRED McDOWELL PAR J'EN-AI-ASSEZ!




You got to move

 You got to move

 You got to move, child

 You got to move

 But when the Lord

 Gets ready

 You got to move

 

You may be high

 You may be low

 You may be rich, child

 You may be po'

 But when the Lord gets ready

 You've got to move

 

You see that woman

 That walk the street

 You see the policeman

 Out on his beat

 But when the Lord gets ready

 You got to move

 

You got to move

 You got to move

 You've got to move, child

 You've got to

 But when the Lord gets ready
 You got to move.

HOBO BLUES DE JOHN LEE HOOKER PAR J'EN-AI-ASSEZ!





 
When I first thought to hobo
I took a freight train to be my friend. Oh Lord
You know I hobo
Hobo a long, long way from home.
Oh Lord
 
Yes, I did. Long time ago.
 
I left home in the morning
My mother followed me down,
to the freight train yard.
Oh Lord
 
She said : «My son is gone
Take care of my child.
Travelling far away
Working hard all day».
Oh Lord
 
Next time I start to hobo
My babe will be by my side
My life will not be so long,
My day won’t be so blue
Oh Lord
 
 
I hobo no more
The freight train is no more my home
I hobo no more
Oh Lord

dimanche 17 mars 2013

QUELLE DÉMOCRATIE ÉTUDIANTE ?

(Texte de mon intervention dans le cadre du Café-Philo  sur le thème «Quelle démocratie étudiante?». Jeudi le 21 mars, café l'Exode, cégep du Vieux Montréal, 11h 45 à 13h 30.)

 «Pour critiquer les gens, il faut les connaître, et pour les connaître, il faut les aimer.» - Coluche

Le «printemps érable» de l'an dernier révéla des failles béantes et flagrantes dans les procédures démocratiques des associations étudiantes : votes à main levée; assemblée «paquetée»; faible taux de participation d’à peine 10% des effectifs; refus du vote électronique etc. En novembre 2012, l’AGECVM récidivait. Les quelques 7000 étudiants du cégep du Vieux Montréal furent en grève durant trois jours, les 20, 21 et 22 novembre derniers. La décision de lever les cours fut entérinée par un vote en assemblée générale, lors de laquelle un peu plus de 1000 membres de l'association étudiante se sont prononcés: 708 pour, 333 contre et 19 abstentions. Les élèves revendiquent le retrait des charges criminelles et pénales liées au conflit étudiant dans le cadre de cette grève. Quelques 700 étudiants en assemblée ont donc imposé une suspension de cours pendant trois jours aux 7000 étudiants du cégep! Voilà la fameuse «démocratie» au Vieux Montréal!

La Conférence des recteurs et principaux d'universités (CREPUQ) demanda au ministre de l'Enseignement supérieur, Pierre Duchesne, d'encadrer la démocratie étudiante. Candidat à la direction du Parti libéral du Québec, Raymond Bachand réclame lui aussi des changements. Il préconise d'instituer le vote secret électronique. Le député estime que cette façon de faire éviterait l'intimidation et contribuerait à hausser la participation.

On ne peut que souhaiter que ces interpellations soient entendues par les autorités politiques et qu’un ménage dans les écuries d’Augias des associations étudiantes soit enfin effectué rapidement. Faut-il attendre une commission d’enquête publique qui se pencherait sur les associations étudiantes au Québec?

L’un des vices que l’on reproche à la démocratie est donc manifeste à l’AGECVM : la tyrannie de la minorité. Ce vice est celui de toute démocratie, pas seulement de celle au Vieux Montréal. Rappelons, à cet égard, qu’au dernière élection provinciale, près de 67% des gens ont voté contre le Parti Québécois. Évidemment, pour ce qui concerne le faible taux de participation au CVM, il faut porter le blâme en premier lieu à la vaste majorité des étudiants-es qui ne participent pas aux assemblées. Mais demandons-nous : pourquoi ce faible taux de participation des étudiants? Cette triste réalité devrait interpeler l’exécutif de l’AGECVM. Mais non, aucune remise en question des pratiques démocratiques n’est à l’horizon. Demandez cependant aux étudiants-es du Vieux Montréal et ils répondront en chœur que ces assemblées sont «pipées» d’avance; qu’ils sont dirigés par un clique de militants bien déterminés à parvenir à leurs fins ainsi qu’à entériner leurs propres décisions. La vaste majorité des étudiants-es se voient alors imposer d’office une direction dont les visées dépassent de loin la simple défense des intérêts des étudiants. En un mot, la vaste majorité des étudiants-es en ont ras-le-bol de leur association. Il faut être de mauvaise foi pour ne pas le réaliser.

Je ne suis pas le premier à observer ce qu'on appelle le fameux «paradoxe de la démocratie». Un étudiant participe à la vie démocratique en prenant part aux assemblées de son association. Il croit aux décisions prises démocratiquement. Supposons qu'il soit en faveur de la hausse des droits de scolarité. Le vote pris en assemblée va, lui, à l'encontre de sa préférence. Bon démocrate, notre étudiant accepte la décision majoritaire. Reste que, à strictement parler, ses désirs sont contradictoires. Car, s'il accepte personnellement ou individuellement la hausse, il ne l'accepte plus au plan, disons, collectif de la volonté générale, puisqu'il se range désormais du côté de la majorité! C'est du moins ainsi qu'on doit s'expliquer le calcul que faisaient les fédérations étudiantes qui comptabilisaient TOUS les étudiants-es d'un cégep, même si ce ne sont pas TOUS les étudiants qui avaient voté contre la hausse, et qu'une minorité d'entre eux avait voté, et que de cette minorité, une majorité avait enlevé les voix.

Par ailleurs, l’AGECVM se conçoit comme un «syndicat étudiant».[1] Ce qui va bien au-delà des prérogatives de la loi 32, loi sur l’accréditation et le financement des associations d’élèves ou d’étudiants-es. La charte fondatrice du syndicalisme étudiant serait celle adoptée en 1946, la Charte de Grenoble, par l’Union nationale des étudiants de France, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Or, l’AGECVM est au Québec en 2013. Passons. Le but visé, évidemment, par la dite Charte de Grenoble est de faire de l’étudiant-e un «travailleur intellectuel» de telle manière qu’il-elle ait droit à une allocation lui permettant d’étudier «dans l’indépendance matérielle, tant personnelle que sociale». On voit là les prémices de la gratuité scolaire que les Fédérations étudiantes défendaient à défaut du gel des droits de scolarité.

On ne s’étonnera guère que le législateur québécois n’est pas tenu compte de la soi-disante Charte de Grenoble en élaborant la loi 32 puisque le concept d’étudiant-e définit comme «travailleur intellectuel» est grotesque. En effet, il faut convenir que l’étudiant est tout sauf un «travailleur» producteur de biens et services recevant pour se faire une rémunération. Si l’on devait tenir l’étudiant-e comme travailleur, il faudrait alors prélever sur son «salaire» des impôts et des taxes, comme pour tous les travailleurs. Le concept «travailleur intellectuel» est tout simplement aberrant. Par ailleurs, en faisant de l’étudiant-e un «travailleur», ce titre légitimerait le fameux «droit de grève» étudiant qui n’existe pas actuellement au niveau légal dans le Code du travail puisque les étudiants ne sont pas considérés comme des «travailleurs» recevant d’un employeur une rémunération. On le voit l’admission de l’étudiant-«travailleur» a de lourdes conséquences, et ce n’est pas pour rien que l’AGECVM veut faire des étudiants-es des «travailleurs-es».

Puisque les étudiants-es ne dépendent plus de leurs parents, une fois à l’université, ils devraient dépendre, selon l’AGECVM, en tant que travailleurs-es, de l’État devant désormais assurer leur «indépendance tant personnelle que sociale». Or, on ne devient pas automne en vivant aux frais soit de ses parents soit des contribuables. On le devient en travaillant, en gagnant sa vie. Une vérité de La Palice. Maria Montessori (1870-1952), la grande pédagogue italienne, soutenait qu’un jeune qui n’a jamais travaillé, qui n’aurait jamais gagné sa vie, serait difficilement digne d’accéder à un poste quelconque une fois ses études terminées.[2] Il ne faut pas surtout pas dissocier, rappelle la pédagogue, les exigences de la vie réelle avec celles de la vie étudiante.

En tant qu’étudiant, le jeune homme et la jeune femme puisent chez ses prédécesseurs les idées, les théories, les techniques, etc., qui vont leur permettre plus tard d’exercer un métier, et de devenir, à leur tour, véritablement des travailleurs, des «producteurs» d’idées, de théories, de techniques, etc. Entre-temps, l’étudiant-e est à l’université pour assimiler les innovations de ses ancêtres. Pour y avoir droit, il doit payer les frais de sa formation. C’est la moindre des choses. Sinon, l’étudiant-e se comporte en une sorte de pillard s’accaparant illégitimement pour son propre bénéfice des savoirs produits par les hommes et les femmes des générations précédentes qui, très souvent, ont lutté péniblement, à la sueur de leur front, pour faire progresser l’état des connaissances.

Il y aurait bien d’autres points à soulever dans la constitution de l’AGECVM mais ce qui précède suffit à montrer que l’AGECVM s’égare et égare ses membres sur les buts et visés raisonnables et réalistes auxquels on doit s’attendre d’une association étudiante.


J’aimerais toutefois terminer cette intervention par ce dernier point de la plus haute importance en démocratie. Je me réfère au philosophe britannique du 19e siècle, John Stuart Mill, dans son livre qu’on ne lit plus – c’est dommage parce que ce livre est un traité de philosophie démocratique -, On LibertyDe la liberté, publié, soit-dit en passant, en 1859, la même année que la publication de l’Origine des espèces de Charles Darwin. En tout cas, je propose à la direction de l’AGECVM la lecture cet essai fondamental sur la démocratie.

Qu’y lit-on de si important? Dans le deuxième chapitre, intitulé De la liberté de pensée et de discussion, Mill énonce deux principes fondamentaux dans la discussion démocratique.

1)      On ne doit jamais museler une opinion contraire à celle de la majorité;
2)      Il est légitime de critiquer l’opinion de son adversaire uniquement lorsqu’on comprend à fond cette opinion opposée à la nôtre; autrement dit, lorsqu’on ne connaît que sa propre opinion, on ne la connaît pas, de sorte qu’on n’a pas le droit de critiquer celle de l’autre.

Ainsi, la démocratie, le débat démocratique est extrêmement exigeant. Certaines vont jusqu’à dire que les deux principes de Mill rendent impossible la discussion en démocratie. Je ne suis pas de cet avis. Je crois que ces deux devoirs fondamentaux de la démocratie sont incontournables.
 Or, je crois que, comme je le mentionnais précédemment, pour éviter la tyrannie de la minorité à l’AGECVM, il est de la plus haute importance de mettre en application impérativement les deux principes de Mill. La démocratie est exigeante. Mais, comme le disait Spinoza, ce qui est précieux est aussi difficile que rare.



[1] Voir l’Agenda CVM 12/13, publié par l’AGECVM, p. 56. Cet agenda publié grâce aux cotisations des étudiants-es du Vieux Montréal fait la promotion et la défense des idées ainsi que des valeurs de l’association étudiante. L’AGECVM ne peut pas mieux exercer sa propagande auprès des étudiants-es en leur lavant de la sorte leur cerveau.
[2] Maria Montessori, De l’enfant à l’adolescent, Desclée de Brouwer, 2004, p. 169.