S’il y a bien un corps étranger à l’institution du savoir qu’est l’université, c’est la pensée magique. Pourtant, trois réputés universitaires québécois font appel à la pensée magique dans une Lettre ouverte aux professeurs d’université paru dans le Devoir en ligne.
L’objection du triumvirat universitaire à l’argument gouvernemental veut qu’«une part ne peut être juste dans une société où l’on introduit des mesures qui renforcent les inégalités sociales au lieu de les diminuer.» Bref, la hausse des frais de scolarité serait, aux yeux de nos éminents universitaires, injuste parce que le contrat social québécois repose sur la solidarité sociale. Ici, on prend un fait – un consensus social -, en l’occurrence l’état de fait du fameux «modèle québécois», et l’on conclut: par conséquent, il faut s’y tenir. Or, depuis Hume, nous savons que l’on ne peut légitimement passer d’un «est» à un «doit». Cela s’appelle un sophisme, baptisé de «naturaliste».
Il y a plus. Ne tenons pas compte du sophisme précédent. Admettons que la solidarité sociale au Québec exige l’abolition de la hausse prévue, voire la gratuité scolaire. Serait-ce toujours juste? À l’évidence, les contribuables devront payer pour assurer la gratuité universelle, en particulier la classe moyenne, déjà lourdement imposée. Est-ce juste? Aucunement. Personne n’a le droit de contraindre qui que ce soit à payer pour les autres.
L’argument de nos universitaires, porte-parole des étudiants, est «pas dans nos poches, mais dans celles des autres». J’entends leur réplique disant : «L’argent existe, mais l’État, incapable de saine gestion, spoliant nos richesses naturelles, refile la facture de leur incurie aux pauvres étudiants.» Voilà la pensée magique. La pensée magique veut que le Québec soit riche à craquer, que l’argent existe quelque part, principalement dans les mains des magouilleurs et des profiteurs du système, que le méchant gouvernement n’ouvre ses coffres qu’aux multinationales, aux entreprises en collusion, etc. Les syndicats, de leur côté, sont propres et justes parce qu’ils ne trempent pas dans ces magouilles de bas étage, ayant fait vœu de pauvreté en souscrivant au contrat social de partage. Voilà le baratin habituel.
La pensée magique veut que la richesse pousse dans les arbres. C’est faux. La richesse provient du travail et de la responsabilité citoyenne. Acquérir le travail des autres par la force, voilà l’injustice. Aussi la lutte que mènent actuellement les étudiants contre la hausse en vue de la gratuité scolaire, lutte soutenue par l’aréopage universitaire, fait appel à la pensée magique et constitue une grave injustice commise à l’endroit des Québécois. Ceux qui invitent, tels les éminents universitaires, à contraindre d'autres à payer pour les étudiants, sont irresponsables.
Pire encore. Demandez aux économistes:les régimes universels faramineux dont les Québécois se sont dotés depuis cinquante ans et dont ils sont si fiers, ne profitent qu'au mieux lotis.
Pire encore. Demandez aux économistes:les régimes universels faramineux dont les Québécois se sont dotés depuis cinquante ans et dont ils sont si fiers, ne profitent qu'au mieux lotis.
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