«Il est aisé
de manquer la cible; difficile de l’atteindre.»
Aristote, Éthique à Nicomaque
I
L’être humain est foncièrement moral
Qu’est-ce que l’éducation? Difficile
question. Pour y voir clair, commençons par une expérience fictive de pensée.
Imaginons un robot immortel et
indestructible, une entité qui se meut et qui agit, mais que rien ne peut
affecter, endommager, menacer ou détruire. Convenons que cette entité ne
chérirait aucune valeur puisqu’elle n’a rien à gagner ni à perdre, rien qui la
menace, rien donc qui aille à l’encontre de ses intérêts. Notre robot n’aurait
donc ni intérêt ni but dans l’existence.
Par comparaison, nous, les êtres
humains, sommes (hélas!) mortels, destructibles et éphémères en ce bas monde;
conséquemment, dans cet espace-temps limité, nous avons des valeurs, des
intérêts à satisfaire, des idéaux à défendre, des normes à respecter. Pourquoi?
- Parce que nous voulons survivre, pardi! Non seulement survivre, mais bien
vivre! Bref, nous voulons être heureux, tout en sachant qu’un jour nous irons, nous
ne le savons que trop, au tombeau. Que nous le réalisions ou non, notre intérêt
premier est le bonheur. Qui souhaite le malheur? – Personne! Pourtant, à voir
agir certains, on peut se demander s’ils sont bien conscients de leur intérêt
primordial, c’est-à-dire leur propre bonheur.
C’est une vérité de La Palice que chacun
et chacune d’entre nous vise son propre bonheur dans tout ce qu’il fait ou qu’elle
fait ou entreprend.
Imaginons
maintenant que notre robot de tout à l’heure –appelons-le Krypto - nous tienne
ce discours :
Vous, les humains, vous me faites
fichtrement rigoler! Vous êtes toujours en train de vous plaindre du Mal et de
rechercher le Bien. Vous êtes un mystère pour moi! Cessez donc votre obsession
du bien et du mal. Il n’y a que les faits, et les faits ne contiennent aucun
bien ou mal, aucune valeur. Vous projetez sur les faits le bien ou le mal. Vous
vous illusionnez! Vous êtes responsables de votre état misérable et lamentable.
Nous
pourrions rétorquer plusieurs choses à Krypto. D’abord, qu’il est parfaitement
incohérent. En effet, il nous dit que le bien et le mal n’existent pas mais, du
même souffle, il les présuppose lui-même en concluant que nous sommes
misérables!
Par
ailleurs, plus troublant sans doute, puisque, par nature, rien ne l’intéresse,
pourquoi Krypto se soucie-t-il de nous… qui avons des intérêts? Si rien ne
l’intéresse, en effet, pourquoi se soucie-t-il de nous? Pourquoi, en somme,
prend-il la peine de nous faire la morale?
C’est
là où notre perplexité atteint son comble : comment un être immortel et
indestructible comme Krypto peut-il avoir une quelconque morale? Car seul le mortel, celui ou celle qui vit et qui meurt, a
ce genre de préoccupation intense pour la morale, c’est-à-dire pour ce qui est
bien ou mal.
Dernière
remarque : comment Krypto a-t-il pu apprendre
à parler et à écrire, s’il est vrai qu’il soit par ailleurs dépourvu de tout désir?
Mon histoire fictive démontre qu’il n’y a pas d’apprentissage possible et,
partant, d’éducation possible, sans que l’être humain soit intéressé non
seulement à survivre, mais à être heureux.
Revenons
à la question : pourquoi l’éducation? Parce que l’être humain souhaite
être heureux! L’éducation est bonne
pour lui, car elle lui permet d’assurer non seulement sa survie, mais son
bonheur, c’est-à-dire son plein épanouissement.
II
Le
devoir à l’éducation
Parmi diverses définitions de
l’éducation retenons celle qui dit qu’elle sert à transmettre des
connaissances. En vertu de ce que pose le paragraphe précédant, la connaissance
est bonne parce qu’elle permet à l’humain d’assurer sa survie et son bonheur.
Il serait faux de prétendre que l’être humain a droit à l’éducation parce que
l’État la lui doit ou qu’il la mérite. On ne mérite pas l’éducation, on doit
l’acquérir – du moins, si l’on souhaite être heureux. Cependant, l’acquisition
de la connaissance n’est pas chose aisée. Cela requiert un effort constant et soutenu,
car étudier exige beaucoup de temps. Quoi qu’il en soit, pour être heureux,
l’éducation – l’acquisition de connaissances – demeure un passage obligé. C’est
un devoir – si l’on souhaite être
heureux. Contrairement à ce que clamaient les étudiants contestataires de la
hausse des droits de scolarité, l’éducation n’est pas un droit. De même pour la
liberté. On ne naît pas libre, comme l’affirmait par exemple Jean-Jacques
Rousseau, l’auteur du Contrat social.
On ne naît pas libre, on le devient; et on le devient par le
« travail » d’acquisition de la vertu. Quelqu’un de libre, c’est
d’abord une personne courageuse, juste, sage, etc. L’illusion de la modernité
est de croire qu’on sort du sein maternel de pied-en-cap avec des droits.
C’est ce que je défends dans mon essai Le devoir à l’éducation (Accent Grave,
2012). Je ne reprendrai pas l’argumentation qui y est présentée, principalement
dans l’introduction.
Nos
chartes canadiennes et québécoises mentionnent le droit à l’instruction
publique, mais pas le droit à l’éducation, du moins au niveau supérieur de
l’enseignement. Un droit est dit universel quand il s’applique à tous les
citoyens et à toutes les citoyennes. Or, l’éducation supérieure est le choix de
certains ou de certaines, mais pas de tous et de toutes. À moins qu’on veuille
dire qu’il s’agit d’une liberté pour
certains ou pour certaines d’exercer ce droit? Or, personne, ni aucun groupe,
pas même l’État, ne souhaite brimer le désir légitime de poursuivre des études
supérieures.
III
L’égoïsme :
«fort» ou «modéré»
La conception précédente de l’éducation
fait appel à une éthique, celle de l’«égoïsme moral», qui fut défendue en
particulier par la célèbre philosophe américaine d’origine russe, Ayn Rand
(1905-1982). Évidemment, les mots «égoïsme» et «moral» en feront sourciller plusieurs,
peut-être même les feront-ils reculer d’effroi et pousser des hurlements de dégoût.
Dans notre siècle, « égoïsme » est en fait un mot honni. Comment
est-il possible de lier «égoïsme» et «moralité» puisqu’une personne égoïste, ne
cherchant que son propre avantage et son intérêt personnel sans se soucier de
celui des autres, est le paradigme par excellence de l’immoralité? Un monstre
d’égoïsme est tout sauf une bonne personne.
L’égoïsme
moral, que je veux défendre ici, constitue une sorte d’oxymore aberrant. Une
contradiction dans les termes.
Pourtant,
c’est ce que défend Ayn Rand. À l’évidence, lorsqu’elle parle de «selfishness», d’égoïsme, elle n’emploie
pas le terme au sens fort, pour qualifier une personne qui a un amour excessif
pour lui-même sans aucune considération pour les intérêts d’autrui. Nous
condamnons en effet l’égoïsme au sens fort, c’est-à-dire les attitudes ainsi
que les conduites qui manifestent l’attachement excessif à soi-même, ramenant
tout à soi au détriment des autres. Ayn Rand ne réfère pas à ce type d’égoïsme,
constituant, disons-le, le sens courant du terme. Rand prend le mot «égoïsme» dans
son acception, disons modéré, au sens
où il s’agit de l’d’une personne qui se consacre à satisfaire ses propres
idéaux, son propre projet de vie. En ce sens, on ne peut qu’encourager une
telle personne, et le pire qui pourrait lui arriver, c’est qu’elle se sacrifie
(qu’elle sacrifie son projet de vie) à celui des autres. Le pire des scénarios
pour une personne est de se sacrifier pour le bonheur des autres ou de la
société. C’est celui d’une sorte d’écrasement ou d’aplatissement de soi au
profit des autres, que l’égoïsme s’oppose à l’altruisme – l’altruisme désignant
cette espèce d’«aplaventrisme» de la personne. L’altruisme n’est pas un idéal
de vie, mais un idéal de mort. Certes, des gens consacrent leur vie au
bien-être des autres. Il peut s’agir là, non pas à vrai dire de l’altruisme,
mais de l’égoïsme de bon aloi, au sens où, au fond, ces personnes, en faisant du
bien aux autres, se font d’abord et avant tout du bien à elles-mêmes.
Quoi
qu’il en soit, si l’être humain veut être heureux, il «doit vivre pour son
propre intérêt[1]».
Voilà ce que l’auteure d’Atlas Shrugged
(La grève[2])
entend par «égoïsme».
Agir
pour son propre intérêt ne peut évidemment pas vouloir dire agir selon
l’intérêt des autres. Ce serait en effet contradictoire, donc irrationnel. Or,
l’égoïsme moral de Rand est aussi un égoïsme rationnel.
Toutefois,
en choisissant de vivre, on ne choisit pas de mourir. Il n’y a pas d’autre esquive
possible au cruel dilemme auquel l’être humain est confronté. Et Rand d’ajouter :
Vivre
pour son propre intérêt, signifie que
l’accomplissement de son propre bonheur est le plus haut but moral de l’homme.
Si le but moral de l’être humain
consiste à vivre selon son propre intérêt et que, de ce point de vue,
l’éducation est primordiale pour son bonheur (sa survie), il s’ensuit que
l’éducation constitue une activité hautement morale. C’est le devoir de tout
homme, de toute femme, en somme. Évidemment, ce n’est pas tout le monde qui
souhaite poursuivre des études supérieures. Les choix sont individuels. Ceux et
celles qui décident d’étudier au cégep ou à l’université le font sur une base
hautement morale en vue de leur bonheur personnel.
De leur côté, les partisans du « droit
à l’éducation » – et à la gratuité scolaire - réclament à grand cris que
les autres (l’État en particulier) paient pour eux. Ayn Rand les qualifierait
de cannibalistes moraux : pour
que certains puissent vivre, d’autres doivent être altruistes, se sacrifier,
c’est-à-dire vivre dans le malheur, peut-être même mourir. Le pseudo-droit à la
gratuité scolaire est donc immoral, c’est-à-dire anti-vie, anti-bonheur.
Les partisans du droit à l’éducation (à
la gratuité scolaire) exigent des autres qu’ils se sacrifient pour eux. C’est
l’altruisme. Or, l’altruisme est le vice consistant à fuir sa propre
responsabilité : être heureux.
IV
Le
cannibalisme de l’altruisme «social»
Dans
le premier chapitre de mon essai intitulé Le
mythe de la «justice sociale», j’aborde l’idéologie dominante qui a cours
actuellement dans la société québécoise, à savoir que tout est «social», dont
la morale et, bien entendu, l’éducation. L’éducation «sociale», tout comme les
politiques «sociales», la grève «sociale» (ainsi nommée par la défunte CLASSÉ
et son désormais célèbre leader, Gabriel Nadeau-Dubois), ou toute autre action
dite «sociale», dont la fameuse «justice sociale», désigne un farouche
parti-pris en faveur de l’égalité entre tous les citoyens. D’où le non moins fameux
concept de social-démocratie, auquel le
terme «social» confère davantage… de démocratie, ce dont nous doutons.
Le «social» se substitue donc aujourd’hui
à la morale. C’est ce que remarquait le penseur autrichien Friedrich Hayek :
«l’adjectif social remplace moral[3]».
Le «social» tient lieu de moralité, d’idéal moral; bref, il devient la norme du
bien.
Les indignés
d’Occupons Wall Street, et leurs
adeptes dans d’autres villes, sont
devenus les chantres du «social», la nouvelle morale à l’ordre du jour. Tous
condamnent la cupidité, l’égoïsme et l’individualisme des riches, effrontément riches[4].
Au fond, tous ces indignés vilipendent l’égoïsme
et portent aux nues l’altruisme, ce
qui est exactement le contraire de ce que je défendais précédemment en faisant
appel à Ayn Rand.
Pourquoi devrait-on être altruiste? Pas
pour être heureux, puisque les partisans de l’altruisme ne souscrivent pas au
bonheur individuel ou personnel. Vivement, toutefois, le «bonheur collectif» -
ou social. En fait, le bonheur a
complètement disparu du vocabulaire des défenseurs de l’altruisme.
Nous devrions être altruistes parce que
la justice sociale nous y oblige. Le
bonheur est secondaire dans cette affaire, selon les altruistes sociaux ;
ils font de l’égalité la valeur par excellence. Comme l’écrit joliment Myriam
Fahmy : «Et plus d’égalité produit… plus d’égalité[5].»
Belle tautologie! Pas plus de bonheur; mais plus d’égalité… Voilà pourquoi nous devrions être altruistes : l’égalité l’ordonne!
Mais pourquoi donc devrions-nous chérir
l’égalité? Les altruistes sociaux répondent que les inégalités sociales et
économiques sont intolérables. Pourquoi ces inégalités sont-elles si
intolérables? Là, le débat risque de s’envenimer et de peut-être mener au
pugilat. L’altruiste social laissera conclura finalement que personne ne mérite
ce qu’il possède; la société était là bien avant les riches, et c’est à elle
qu’ils doivent ce qu’ils possèdent. Donc, il est juste qu’on les dépouille de
leurs avoirs pour les redistribuer à ceux qui n’ont rien ou qui ont peu.
Voilà donc pourquoi nous devrions être
altruistes : personne ne mérite
ce qu’il possède. Celui qu’on considère comme le plus grand philosophe de la
politique au XXe siècle, John Rawls (1921-2000), le dit noir sur blanc dans son
grand traité Théorie de la justice :
«Nul ne mérite sa place dans la répartition des atouts naturels, pas plus qu’il
ne mérite sa place départ dans la société[6].»
Nous sommes ici au cœur du cannibalisme
de l’altruisme social, dont la stratégie consiste à dépouiller les êtres
humains de leurs traits de caractère, de leurs talents, de leurs dispositions,
bref de leurs qualités humaines qui font qu’ils sont ce qu’ils sont. Ici, le
mot de Joseph De Maistre (1753-1821) prend tout son sens : «J’ai vu, dans
ma vie, des Français, des Italiens, des Russes, etc.; je sais même, grâce à
Montesquieu, qu’on peut être Persan : mais quant à l’homme, je déclare ne
l’avoir rencontré de ma vie.» Cela signifie que l’être humain égal à tous les
autres est une pure et simple vue de l’esprit. N’empêche que c’est en le
dépossédant de ses qualités spécifiques et de ses traits originaux qu’un être
humain devient identique à un autre. Il n’existe, par exemple, aucune
différence de nature entre moi et Céline Dion; en conséquence, je puis dire que
ce que la chanteuse possède, elle ne le mérite pas plus que moi. Née au Québec
et éduquée dans ce milieu aux frais de l’État québécois, elle est
obligatoirement et « moralement » redevable aux Québécois. Voilà la
logique de l’altruiste social.
Le cannibalisme de l’altruisme social,
c’est l’abolition des mérites. C’est la raison pour laquelle la justice, selon
l’altruisme social, n’est jamais une vertu dont est dotée une personne mais celle
d’une société. C’est la société qui est juste; jamais une personne. Belle
illusion, car la société est un concept vide; seuls des individus composent le
monde humain.
V
Une éducation «égoïste»
Dans la morale égoïste au sens modéré,
défini précédemment, il est impératif de rétablir le mérite des gens,
c’est-à-dire leurs vertus. Contrairement à l’altruisme social, ce ne sont pas
les institutions qui sont justes, mais les personnes. C’est pourtant ce qu’avait
compris le philosophe britannique John Stuart Mill (1806-1873):
…la société doit traiter également
bien tous ceux qui ont également bien mérité d’elle, c’est-à-dire tous ceux qui
ont, de façon absolue, le même mérite. C’est là le principe abstrait le plus
élevé de la justice sociale ou distributive; c’est vers cet idéal que doivent
converger jusqu’à la limite du possible toutes les institutions et les efforts
des citoyens vertueux[7].
L’éducation est l’une des institutions constituant
la société. Aussi évident que cela puisse paraître, il importe de redire qu’une
institution n’existe pas sans les personnes qui la composent. L’école vise à
former de bonnes personnes, d’excellents êtres humains, des individus qui vont
au bout d’eux-mêmes dans le but de leur plein épanouissement, donc, de leur bonheur.
«Mon métier et mon art, c'est vivre»,
écrivait Michel de Montaigne (1533-1592). Le métier ou l’art que doit
développer l’élève est celui d’être homme (ou femme). Voilà la finalité «humaniste»
de l’éducation faisant appel à la morale «égoïste» (au sens modéré du terme).
Aujourd’hui, l’altruisme social réduit l’éducation à celle du citoyen ou de la citoyenne, sans aucune référence au bonheur des personnes
impliquées. C’est l’éducation à la citoyenneté. Soyez de bons citoyens! Le
reste, être une excellente personne, c’est-à-dire l’essentiel, importe peu ou
prou.
À cet égard, le mot du chanteur John
Lennon mérite d’être évoqué : «Quand je suis allé à l’école, ils m’ont
demandé ce que je voulais être quand je serais grand. J’ai répondu ‘heureux’.
Alors, ils m’ont dit que je n’avais pas compris la question. Je leur ai répondu
qu’ils n’avaient pas compris la vie.» Le célèbre Beatle avait tout à fait
raison : l’éducation, c’est l’éducation à la vie, c’est-à-dire au bonheur.
Faire reposer la réussite sur l’obtention d’un diplôme, d’un bout de papier qui
officialise le fait que la personne mentionnée a suivi et a satisfait aux
exigences du curriculum, c’est se leurrer royalement. Car, au fond, la question
essentielle est la suivante : «Es-tu devenu un homme? Es-tu devenue une
femme? C’est-à-dire : es-tu vraiment égoïste?»
Si la personne ainsi interpellée répond «non», alors c’est qu’elle n’a encore rien
compris à la vie.
*
[1] Ayn RAND, La vertu d’égoïsme,
Les Belles Lettres, 1993, p. 65.
[2] Ayn RAND, La Grève,
Paris, Les Belles Lettres, Fondation Andrew Lessman, 2011.
[3] Friedrich von HAYEK, «Social? Qu’est-ce que ça veut dire?» in Essais de philosophie, de science politique
et d’économie, Paris, Les Belles Lettres, Bibliothèque classique de la
liberté, 2007, p. 358.
[4] Les auteurs de La juste part.
Repenser les inégalités, la richesse et la fabrication des grille-pains,
(Montréal, Atelier 10, Documents, 2012), David Robichaud et Patrick Turmel
écrivent qu’on peut être «effrontément riche». (p. 12).
[5] Myriam FAHMY,
«Le mythe d’un Québec égalitaire», in L’état
du Québec 2011, Montréal, Boréal, 2011, p. 38.
[6] John RAWLS, Théorie de la justice, Paris, Seuil,
1997, p. 349.
[7] John Stuart MILL,
L’utilitarisme, chapitre V, Paris,
Flammarion, 1988, p. 153.
Comment faites-vous pour réconcilier votre foi avec les principes de Ayn Rand? Cette dernière est profondément athée et rejette catégoriquement la notion de sacrifice, elle qui déclare à qui veut bien l'entendre que les principes judéo-chrétiens doivent être dépassés essentiellement parce qu'ils entraînent ce que vous caractérisez comme l'idéal mort de l'altruisme (et du sacrifice individuel pour la collectivité)? Or, il ne faut aucun doute que le Christ fait figure de paradigme en ce qu'il a porté la croix pour TOUS et que tous les autres saints que vous mentionnez dans vos blogues ont cherché à l'émuler? Êtes-vous inconséquent avec vous-même ou défendez-vous une vision non-orthodoxe de la philosophie de Ayn Rand? Et dans le cas où vous rejeteriez l'idée selon laquelle le Christ n'est pas une figure de l'altruisme et que l'on pourrait même plutôt le rapprocher de l'égoisme moral, alors pourquoi Ayn Rand aurait-elle rejeté les enseignements du Christ en se déclarant profondément athée?
RépondreSupprimerCher ami dans la foi du Christ,
SupprimerNe savez-vous pas que charité bien ordonnée commence par soi-même? Pour être altruiste, commençons par être «égoïste». Et Aristote ne dit pas autre chose dans l'Éthique à Nicomaque, Livre 9, chapitres 8 et 9.
Jésus n'est pas Aristote. Vous pervertissez complètement le message du Christ.
RépondreSupprimerEt voilà pourquoi l'Église excommunia Thomas d'Aquin, pour se rétracter ensuite et, finalement, le canoniser.
RépondreSupprimerSi je me fis à la philosophie athée de Ayn Rand, je crois qu'elle serait elle aussi excommuniée, si seulement elle avait chrétienne. Et pour ce que j'en sais, je ne crois pas que l'Église la canoniserait ensuite. Comment pouvez-vous soutenir une philosophie profondément anti-chrétienne, si ce n'est en rejetant cet athéisme? Le cas échéant, comment pouvez-vous encore vous revendiquer d'Ayn Rand si vous admettez encore le Christ et la valeur du sacrifice?
SupprimerMerci pour vos critiques. Bravo pour votre tenacité. Je ne suis pas athée, et n'achète pas l'athéisme de Rand. Ce qui me séduit chez elle, c'est son éthique, qui est une éthique de la vertu. Je rejette de même son rationalisme radical qui n'est pas du tout aristotélicien, mais vient des Lumières.
RépondreSupprimerOui, mais il n'en demeure pas moins que le Christ est la figure par excellence du sacrifice et du don de soi. Battu, humilié, il s'est tout de même laissé crucifier et implorant Dieu de la façon suivante: "Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font. (Luc 23,33-34)". Comment réconcilier cet esprit du sacrifice pour autrui (pour ceux qui n'en sont pas dignes) avec une philosophie qui n'admet pas qu'un tiers se doive de sacrifier sa personne et son travail pour ceux qui n'ont pas su se responsabiliser? S'il vous-plait, me répondre à l'aide d'arguments et non pas à l'aide de renvois vers d'autres philosophies.
RépondreSupprimerVotre insistance me rappelle la veille querelle médiévale de la tunique de Jésus: la possédait-elle, oui ou non? Je ne souhaite pas ici entrer avec vous sur ce genre de querelle qui rappelle trop un âge de l'Église triomphante, celle où sévissait l'impitoyable Inquisition, qui donne trop raison à l'athéisme, dont celui de Rand. Sur ce, monsieur, au plaisir.
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerle dernier paragraphe est époustouflant
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